A deux pas de la benne de l'Aiguille du Midi, le Mont Blanc du Tacul (4248m) est un terrain de jeu facile d'accès, mais aux pentes sévères. Je vous présente ici une sélection de 3 couloirs sur ce sommet, jardin du raide.

#1 Le couloir Gervasutti 5.3/E3

couloir gervasutti mont blanc du tacul
Les séracs qui font pas rigoler...

 

couloir gervasutti mont blanc du tacul
Une superbe pente de 700m à plus de 45°

Aventure ou suicide ? Pour certains, skier le "Gerva" revient à jouer à la roulette russe. En effet, un énorme sérac surplombe ce couloir, larguant sa cargaison de blocs de glace à intervalles réguliers. Il a malheureusement déjà fait plusieurs victimes.

Malgré ce risque objectif bien au-delà du seuil d'acceptation pour la plupart d'entre nous, le couloir Gervasutti est une magnifique ligne de 700m de haut au-delà des 45°, sur la face Est du Tacul. Elle attire le regard, aimante l'oeil du skieur. En mai 2015, partant avec l'objectif (présompteux) faire la face ouest du Mont Blanc depuis la première benne, la tempête sévissant sur le sommet m'a contraint à changer d'objectif. Sur un coup de tête, je me suis lancé dans le Gervasutti depuis le sommet du Tacul. S'en suivit une fabuleuse descente sur une neige bien revenue, permettant d'allonger les courbes. En restant bien à gauche sur le haut, puis en traversant rive droite à mi-parcours, il est possible de rester plus ou moins en dehors de la trajectoire du sérac. Néanmoins, pour minimiser les risques, il vaut mieux le skier vite, et ne pas passer plus d'un quart d'heure dedans.

Bien sûr, il ne faut pas le remonter, mais le faire en boucle via la voie normale du Tacul, moins exposée. Attention tout de même à celle-ci : on ne compte plus les victimes d'avalanches sur cet itinéraire.

 

#2 Le couloir Jager 5.4/E3

couloir jager mont blanc du tacul

Voisin de droite du Gervasutti, le couloir Jager est plus raide mais moins risqué : ici, point de sérac jouant l'épée de Damoclès. Le couloir vient buter sur une zone mixte aux alentours de 4000m, et se skie en aller-retour. Passant la barre des 50° de moyenne, l'expression "ski de pente raide" trouve tout son sens dans le Jager.

Exposé comme son voisin plein est, il faudra se lever tôt pour bénéficier des bonnes conditions de neige.

 

#3 Le couloir Chéré 5.4/E4

couloir-chéré col du diable
Le grand Capucin en voisin

 

couloir-chéré col du diable
La raideur est présente tout du long

 

couloir-chéré col du diable
Gratonnage

Non il ne s'agit pas de la fameuse goulotte Chéré, mais du couloir débouchant au col du Diable, à 3955m. Tout comme le couloir Jager, le skieur se retrouve là aussi en plein dans le 50°. L'exposition quant à elle y est plus prononcée : la partie haute domine une barre rocheuse.

Lui aussi prend le soleil dès le matin. Y étant allé le même jour que ma descente du Gervasutti, je me retrouve à attaquer la descente à 13h, dans une transfo innommable. Le bas du couloir lui était repassé à l'ombre et avait déjà regelé, dur comme du béton. Dans ces conditions, j'ai du sacrément serrer les fesses !

Vous l'aurez compris, il faut plutôt y aller tôt.

 

Allez, pour finir, une vidéo du couloir Gervasutti avec l'ami Marco Siffredi, et entre autres un huluberlu en monoski ! La folle époque des nineties...

3 Commentaires

  1. Je trouve irrespectueux de désigner comme "hurluberlu" un mec en monoski. En quoi serait-ce une pratique plus loufoque que le snowboard, par exemple ? En l'occurrence, "l'hurluberlu" en question s'appelle Pif (Pierre Brun) et il est très connu et respecté à Chamonix. Il sait ce qu'il fait, preuve en est : il est toujours vivant en janvier 2024.

    • Rien de méchant dans le mot, c'est juste cocasse de penser aujourd'hui que cela a pu être skié en monoski ! Personne ne doute du sérieux ni des compétences du skieur : il lui en a sûrement fallu un sacré paquet.

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