Cela fait plus d'un mois que le mutant polonais Andrzej Bargiel et son équipe font le siège du K2, avec l'objectif de réaliser sa première descente intégrale à skis. Est-on en passe de voir cet exploit accompli ?
En bons patriotes, Andrzej Bargiel et son équipe avaient en tête de gravir et skier le K2 (8611m) par la voie polonaise en face sud.
Délimitée par l'éperon des Abruzzes à sa droite et la "Magic Line" à sa gauche, la face sud du K2 est rayée par d'immenses barres de séracs déclenchant des avalanches à intervalles réguliers. Le K2 est une montagne meurtrière et tous les prétendants au sommet doivent composer avec des risques objectifs élevés.
Les premiers jours sur place de l'équipe ont été consacrés à l'équipement de cette voie polonaise. Les différents aller-retours au camp 1 sont l'occasion pour Andrzej d'effectuer quelques virages suspendus sur les pentes abruptes du K2.
Jugeant les conditions de neige inadéquates, l'équipe polonaise choisit de reporter ses efforts sur la voie Cesen qui suit l'éperon SSE et rejoint la voie des Abruzzes vers 7800m au niveau du camp 4. Cette voie aurait été ouverte en solitaire et en une nuit par le très controversé alpiniste slovène Tomo Cesen - que d'aucuns accusent de mythomanie - en août 1986. Il s'agit de la voie envisagée par son compatriote Davo Karnicar, lequel a dû mettre fin à sa tentative à cause d'un problème de dos qui l'empêchait de faire des virages sautés. "Le K2 est trop exigeant pour laisser place à l'improvisation et pour faire les choses à moitié" a-t-il déclaré au média slovène 24ur.com. Davo Karnicar précise également que la section clef de la face sud était déneigée, ce qui rendait impossible son projet de descente intégrale du K2, depuis le sommet jusqu'au camp de base.
Les polonais reprennent donc l'équipement de la voie Cesen. Mais un membre de l'équipe doit être hélitreuillé à l'hôpital en raison d'un sévère mal de dent.
Après l'installation du camp 3 à 7100m l'équipe redescend au camp de base. Pour Andrzej Bargiel, sur deux planches c'est mieux qu'à pied !
Puis, c'est un nouveau changement de plan : Andrzej Bargiel accompagné de Jurek Natkanski and Darek Zaluski retournent sur la voie polonaise pour équiper une arête technique où Andrzej prévoit d'effectuer sa descente à skis.
Malheureusement le mauvais temps les contraint à rester plusieurs jours au camp de base. Andrzej, qui n'est pas du genre à rester immobile sous une tente, essaie de garder la forme en allant explorer les reliefs environnants.
Après une longue attente, une fenêtre météo semble se dessiner le 29-30 juillet. C'est leur dernière chance pour tenter le push sommital. Janusz Golab est le premier à faire demi-tour, affaibli depuis plusieurs jours par une infection. Andrzej Bargiel et Kuba Poburka poursuivent, mais les dangers objectifs se révèlent vite trop importants. "Il faisait vraiment chaud aujourd'hui", raconte Andrzej, "ce qui a rapidement augmenté le risque d'avalanche. Des blocs rocheux nous tombaient droit dessus. Kuba a été touché par une petite pierre, mais sans gravité. On a décidé que c'était absurde de braver ces risques. La sécurité avant tout."
Et pour le mot de la fin : "Malheureusement on dirait que je ne vais pas skier le K2 cette année... Mais parfois il faut savoir perdre une bataille pour gagner la guerre. Nous allons très probablement revenir."
Photo de couverture ©Marcin Kin