Mercredi 26 mai, Benjamin Védrines et Nicolas Jean ont réalisé une traversée du massif des Écrins sur 3 jours en skiant quelques-unes des plus belles pentes raides du massif.

Moins d'une semaine après leur enchaînement de 5 lignes de ski de pente raide à la journée sur les sommets emblématiques du massif de l'Ubaye, Benjamin Védrines et Nicolas Jean se sont lancés dans une traversée du Sud vers le Nord du massif des Écrins. L'idée vient de Benjamin qui attend depuis quelques années que tous les voyants soient au vert pour tenter cette traversée. En effet, il ne s'agit pas d'une traversée classique mais de skier plusieurs pentes raides mythiques du massif.

Nicolas Jean dans la voie Tardivel en face Nord du Sirac (5.4 E4) - © Benjamin Védrines

Jour 1 : du Valgaudemard au vallon du Sélé

La première journée fut la plus grosse avec plus de 4000 mètres de dénivelé positif et 3 lignes dans le cinquième degré. Après être montés au refuge de Chabournéou la veille, les deux skieurs ont commencé leur périple par monter au sommet Est du Sirac (3416m) pour skier sa face Nord (5.4 E4). Une bonne mise en jambe avant de remonter au Pic Jocelme (3458m) pour skier son couloir Nord-Est (5.3 E2). Une fois le couloir descendu, ils sont remontés au col du Riou Blanc (3303m) par le versant sud pour descendre par le couloir Nord du glacier des Boeufs Rouges (5.1 E2) en direction du refuge du Sélé. Après 13 heures d'effort et 3 lignes majeurs skiées dans des conditions optimales, la nuit fut salvatrice.

Nicolas Jean dans le couloir Nord-Est du Pic Jocelme - © Benjamin Védrines

Jour 2 : du vallon du Sélé au glacier Blanc

Le lendemain, direction le col du glacier Noir (3478m) et son couloir Nord (5.3 E2). Benjamin et Nicolas sont moins chanceux que la veille, les conditions sont plus délicates avec un faible remplissage et une neige dure. Cela ne les empêche pas de glisser jusqu'au glacier Noir où ils attaquent la remontée en direction du Pic Coolidge par sa voie normale. La descente par la face Nord-Est (5.2 E4) se fait dans une neige de cinéma. Les purges incessantes et une grosse avalanche dans la face Sud de la Barre des Écrins contraint les deux skieurs à faire un détour pour rejoindre leur troisième objectif, le Pic Lory (4088m), une antécime de la Barre, et sa face Nord directe (5.2 E2).

Après une longue montée de plus de 2000 mètres de dénivelé, Benjamin et Nicolas sont au sommet "dans une ambiance irréelle" selon les mots de ce dernier. Ils descendent la face Nord puis le couloir Nord de Barre Noire (5.1 E2) avant de rejoindre le refuge des Écrins, premier refuge gardé depuis le début de leur traversée. Encore une longue journée avec 14h 30 d'effort et 3900 mètres de dénivelé.

Nicolas Jean sous l'imposante corniche du Pic Coolidge - © Benjamin Védrines

Jour 3 : du glacier Blanc à la vallée de la Romanche

Cette troisième et dernière journée commence au lever du jour par une courte montée au col de Roche Faurio (3376m) pour skier le couloir Nord (5.1 E2). De la bonne neige dans la partie haute permet à Benjamin et Nicolas de s'échauffer avant d'arriver sur de la neige dure qui descend les chaussettes. Une fois au fond du vallon de la Plate des Agneaux, ils remontent en direction du col de l'Ange (3434m) et son couloir Nord (5.4 E3) sur lequel ils ont des doutes sur la skiabilité. Moment d'incertitude une fois au col : "on regarde, on déchante, ce n’est pas terrible" raconte Nicolas. Ils tentent quand même leur chance et ça passe tout juste. Il reste un dernier objectif avant de boucler cette traversée, le couloir Nord du col Claire (5.2 E3).

Nicolas Jean dans la partie haute du couloir Nord du col du glacier Noir - © Benjamin Védrines

La remontée du vallon Claire en direction du col éponyme s'est faite sous le soleil. Ils ont fait de la dernière descente une formalité avant de retrouver la civilisation et les températures estivales au parking du pied du col, après 2400 mètres de dénivelé et 9 heures d'effort.

Comme le dit Benjamin, la météo a été clémente avec eux : "Beaucoup de chance d'avoir ce créneau. Un jour avant c'était pas bon, un jour après non plus". Le bilan de ces 3 jours est un total de 10 500 mètres de dénivelé et 10 itinéraires dans le cinquième degré skiés. Le fait que certains refuges soient fermés a aussi rendu la traversée plus éprouvante. D'après Nicolas : "il nous faut skier avec un sac assez lourd incluant le matériel technique et la nourriture pour les deux premiers jours car seul le refuge des Ecrins est gardé à cette époque". On ne peut être qu'admiratif devant la performance physique mais aussi technique réalisée par les deux skieurs.

La traversée Sud-Nord du massif des Écrins par les pentes raides

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