Ce samedi 7 mai, Dave Searle, Joel Evans et Guillaume Mars sont allés rendre visite à la méconnue face sud du Mont-Blanc du Tacul. Bien moins fréquentée à ski que les couloirs de la face est, il s'agit d'un 5.4 ouvert par l'himalayiste Benoit Chamoux et Georges Gauthier en mai 1982, avec un rappel de 35m, puis reprise par Jean-Marc Boivin trois ans plus tard, sans rappel cette fois. Une descente qui n'a pas été de tout repos.
Les scandinaves Mikko Heimonen et Jesper Petersson avaient déjà emprunté cet itinéraire la veille. Dave, Joel et Guillaume partent donc confiants sur les conditions. Ils débutent leur descente au soleil sur une bonne neige de printemps. Mais alors qu'ils perdent de l'altitude, les nuages arrivent côté italien et les enveloppent. La visibilité se réduit. De plus, la face commence à purger, leur causant quelques frayeurs. Dave en fait le récit sur son blog. "Guillaume et Joel m'ont rejoint, et dès qu'ils ont tous les deux clippé le relai, un grondement m'a retourné l'estomac. Est-ce donc ça la fin ? ai-je pensé. J'étais convaincu que ça ne l'était pas, mais alors que nous subissions la déferlante de neige lourde et humide, je crois que nous avons tous imaginé le pire".
Guillaume nous raconte leur descente :
"Nous sommes montés sans encombre par la voie normale du Tacul, en arrivant au sommet vers 11h30. Là, Dave a eu un mauvais pressentiment et à proposé de rester au sommet et de nous faire des photos de loin. Mais finalement, nous avions de la bonne neige de printemps et il a chaussé pour nous rejoindre."
"Nous avons fait un petit rappel de 10-15m pour contourner un grattonage. A partir de là le couloir était transformé en surface mais très dur en dessous, ce qui rendait les virages assez tendus. Cette portion était vraiment raide avec pas mal de "requins". Je pense que les conditions de neige avaient bien changé par rapport à la veille".
"Nous avons ensuite rejoint un deuxième couloir après un second rappel de 50-60m. Là c'était en grosse grosse transfo. Nous on était dans les nuages, mais le haut de la face était encore en plein soleil, du coup ça commençait à bien purger. On s'est pris deux grosses purges dans la tête et on craignait de prendre des cailloux. Du coup, on a décidé de ne pas rechausser les skis et rester en rappels pour limiter le risque d'être emportés. On a remis les skis deux rappels plus bas pour descendre jusqu'à la combe du Maudit. On était dans le brouillard total, on ne voyait pas à 5m."
"Au final, la ligne est vraiment raide et l'expo très présente, on ne voit jamais le bas" conclut-il.
En vidéo, par Joel Evans :
taculsouthface from joel on Vimeo.
Exposition, enneigement capricieux, couloir de purge... on comprend que cette ligne reste peu fréquentée !