Le 8 septembre 2002, le snowboarder chamoniard Marco Siffredi se tient debout sur le plus haut sommet du monde. Sa planche aux pieds, il s'apprête à descendre la face Nord de l'Everest par le couloir Hornbein. Après quelques virages, sa trace se perd dans l'immensité de la face, on ne reverra jamais Marco.

Marco Siffredi, génie de la glisse

L'ange blond, comme on le surnommait, était un véritable prodige du snowboard en pente raide. Malgré son jeune âge (23 ans lors de sa disparition), Marco avait déjà quelques premières majeurs à son actif. Il a fait ses armes sous les câbles du téléphérique de l'Aiguille du Midi en enchainant les descentes techniques comme le Mallory avec une facilité déconcertante. Comme le dit son père Philippe : "Il a le sens de la neige, il plane, comme s'il ne la touchait pas".

Marco Siffredi juste avant de s'élancer du sommet de l'Everest - © Antoine Chandelier La trace de l'ange

Parmi ces nombreuses premières, la plus remarquable est sûrement la face Nord-Ouest de l'Aiguille Verte par le Nant Blanc. Un itinéraire d'une grande technicité avec des passages goulottés, de la glace affleurante, du mixte et une exposition maximale. La première descente à ski est signée Jean-Marc Boivin en 1989. Il faudra attendre 10 avant la deuxième descente, en snowboard cette fois, par Marco Siffredi du haut de ses 20 ans. Avec cet exploit, il montre là au grand jour l'immense étendue de son talent. La même année, il part au Népal et réalise la première descente du Dorje Lhakpa (6 988 mètres). Sa progression est fulgurante et sa conquête des hauts sommets est lancée.

L'Everest : l'ultime défi

Après ses expéditions dans les Andes et en Himalaya, Marco n'a plus qu'une seule obsession, réaliser la première descente en snowboard de l'Everest (8848 mètres). Sur les conseils du guide néo-zélandais Russell Brice, spécialisé dans les expéditions vers des sommets de 8 000 mètres, Marco s'attaque au Cho Oyu (8 201 mètres) pour expérimenter les effets de la très hautes altitude et voir les réactions de son corps. L'ascension et la descente sont menés avec brio à l'automne 2000.

Au printemps 2001, le jeune chamoniard est de retour en Himalaya avec un l'objectif de réussir la première descente de l'Everest en snowboard. Le 23 mai il est sur le toit du monde, prêt à attaquer la descente. Faute de neige, le couloir Hornbein n'est pas praticable donc il se rabat sur le couloir Norton. Après seulement quelques virages, il casse sa fixation. Heureusement pour lui, un sherpa arrive à la réparer avec du fil de fer. Quelques heures plus tard, Marco est au camp de base avancé. La nouvelle ne tarde pas à se répandre et fait la une des journaux. Ce rêve de réalisé laisse à Marco un gout d'inachevé.

Le couloir Hornbein en face Nord de l'Everest - © Alberto Zerain

Un an plus tard, Siffredi est prêt à en découdre avec le couloir Hornbein, l'objectif initial de sa précédente expédition sur l'Everest. Ce couloir, d'une longueur et d'une raideur incroyable, est une voie bien plus technique que le couloir Norton.

Le 8 septembre 2002 à 15 heures, Marco Siffredi est au sommet de l'Everest pour la deuxième fois. Accompagné de trois sherpas, il est épuisé par la montée dans la neige fraiche. Le sherpa Phurba Tashi déjà présent au sommet avec lui l'année précédente lui déconseille même de s'élancer dans le Hornbein dans un tel état de fatigue. Marco ne veut rien entendre, il est prêt à réaliser son rêve et déclenche ses premiers virages.

Pour les sherpas, ce sont les dernières images de Marco, on ne le reverra plus. Avalanche, chute, problème technique ? Les recherches qui ont suivi n'ont pas permis de percer le mystère de sa disparition. Vingt ans après, l'ange blond fascine et continue d'inspirer les nouvelles générations.

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